INTEGRATION
SCOLAIRE
& PARTENARIAT


plan du site

INDEX
ALPHABETIQUE
et sigles


nous écrire

 

 


 
réalisations

Adresse de cette page : http://scolaritepartenariat.chez-alice.fr/page162.htm


Un SESSAD troubles du comportement

Le SESSAD MTC (Manifestations et Troubles du Comportement) des PEP 17

   
Les sessad se sont réellement développés à partir des années 90, après la parution des nouvelles annexes XXIV. Mais les sessad "troubles du comportement" sont encore relativement rares. Cette situation est paradoxale dans la mesure où le regroupement dans un même établissement d'un nombre important d'enfants et de jeunes présentant des troubles du comportement n'est pas sans poser de difficiles problèmes de vie collective, - ce qu'on a appelé parfois l'effet "cocotte minute". Mais d'un autre côté, un accompagnement efficace de ces jeunes dans la vie ordinaire peut s'avérer également très problématique.
On notera qu'un certain nombre d'ITEP cherchent depuis quelques années à travailler non plus en gros établissements mais en petites unités éclatées...
Il est donc instructif de situer l'une par rapport à l'autre ces deux formes de prises en charge, soit en ITEP (Institut Thérapeutique, Éducatif et Pédagogique, anciennement Institut de Rééducation) soit en SESSAD (Service d'Education Spéciale et de Soins à Domicile).
L'organisation du sessad MTC (Manifestations et Troubles du Comportement) des PEP 17
SESSAD MTC
Service d'éducation spécialisée et de soins à domicile - Manifestations et Troubles du Comportement
85 rue de la République
17300 ROCHEFORT
05.46.87.81.37

http://www.lespep.org/ewb_pages/
e/etablissement_sms_2739.php

Géré par l'ADPEP 17 (Association Départementale des Pupilles de l'Enseignement Public de la Charente maritime)

Le sessad est implanté à Rochefort, mais il comporte 4 antennes, de façon à limiter les déplacements : La Rochelle, Rochefort, Saintes et St Jean d'Angély. Son plateau technique comporte des éducateurs, des psychologues, un médecin psychiatre et deux instituteurs, mais il n'assure pas les psychothérapies et rééducations. Celles-ci sont assurées par convention par des professionnels du secteur libéral.
Rattaché au départ à un Institut de Rééducation, le sessad est devenu autonome en 2003. Il a aujourd'hui un agrément pour 48 enfants et jeunes de 5 à 18 ans.
L’admission des enfants pose problème depuis la mise en place des MDPH : les MDPH ont beaucoup de mal à diagnostiquer les troubles du comportement. Et par ailleurs, ce sont des familles souvent démunies, qui ne se mobilisent pas, qui n'ont pas d'associations, qui ne manifestent pas, qui ne savent pas se défendre...
ITEP et SESSAD
ITEP et SESSAD ne font pas le même travail. L'ITEP est un lieu sécurisé. Il doit certes prendre en compte la loi commune, mais dans un cadre particulier. L'ITEP est une sorte de scène de théâtre où l'enfant se joue lui-même, où il joue son trouble. Et le but est qu'avec l'aide de l'équipe éducative il prenne conscience du sens de son comportement afin d'aller vers un comportement plus responsable. L'action éducative et thérapeutique cherche à provoquer des changements en s'appuyant sur les ressources du jeune.

L'enfant ou le jeune suivi par un SESSAD n'est pas placé dans un lieu sécurisé. S'il y a débordement, la loi commune s'applique immédiatement. A l'école, l'enfant ne peut pas jouer sa problématique.

ITEP ou SESSAD
Parfois une séparation d'avec le milieu familial est nécessaire, par exemple pour un enfant éclaté, incontenable, ou en cas de fusion familiale déstructurante. Mais la séparation n'est pas thérapeutique par elle-même. Et bien souvent, la famille va considérer l'institution comme son ennemi, même quand elle a demandé elle-même le placement en institution.
Avec le sessad, le rapport à la famille est plus clair. Le sessad ne se substitue pas à la famille, il ne réglera pas les troubles du comportement d'un enfant avec deux ou trois séances par semaine. Son objectif sera donc d'aider la famille à se remobiliser.
L'action du sessad
1. un accompagnement de l'enfant ou du jeune

L'enfant, ou le jeune, reste dans son milieu. Cette intégration est un moyen avec lequel il faut travailler et non une finalité. En ITEP, l'éducateur travaille dans un cadre institutionnel, il a ses outils, ses ateliers... L'éducateur du sessad est seul, il travaille sur un territoire qui n'est pas le sien. L'éducateur engage une responsabilité très personnelle. Il faut donc un accompagnement important (réunions de synthèse avec des psychologues, etc.).

2. Un accompagnement auprès des familles
Le travail de l'éducateur est en relation avec la famille, qu'il rencontre au moins tous les mois. L'éducateur cherche à répondre aux problèmes et aux besoins des familles. L'idée est que le symptôme du jeune est en résonance avec la problématique de la famille. Dans cette approche qu'on peut qualifier de systémique, c'est par rapport à la problématique de la famille qu'il faut se situer, plutôt que d'envoyer systématiquement l'enfant en psychothérapie, ce qui revient à le désigner comme « coupable ». On rencontre souvent des familles qui ont baissé les bras, des familles sans règles, sans estime de soi. Le principe est que la famille peut devenir compétente si elle est accompagnée. Les entretiens avec la famille se font toujours en présence de l'enfant, voire des frères et soeurs.
Pour l'éducateur,  l'action auprès de la famille est complémentaire de l’accompagnement du jeune.

3. Les partenaires : école, AMO, MFR, sport...

Quand il s'agit du handicap, les partenaires et notamment les enseignants ont le plus souvent un regard bienveillant. Quand il s'agit des troubles du comportement, c'est l'inverse : l'enfant est parfois, pour ne pas dire souvent, considéré comme un persécuteur, comme celui qui "bousille" la classe. C'est un enfant qui souffre, mais cela n'apparaît pas. Accueillir le trouble du comportement, ce n'est pas gratifiant pour l'enseignant, qui se sent incompétent... Les enseignants sont donc portés à demander une autre scolarisation plutôt qu'une aide. Et quelle aide ?
Le but de l'enfant est de montrer à l'instit. qu'il ne réussira pas mieux que ses parents. Et l'instit. souvent est coincé. Alors, il faut essayer de comprendre avec l'enseignant ce que joue l'enfant. Aider l'enseignant à comprendre les possibilités de l'enfant. L'aider aussi parfois à appliquer une sanction...
L'éducateur peut aussi accompagner l'enfant dans des activités non scolaires (poney, escalade, tir à l'arc...) et parler avec les moniteurs. Ces activités ont un objectif thérapeutique.
Propos recueillis auprès de Didier Chavry, Directeur du sessad MTC
avril 2008
Le point de vue d'un utilisateur du sessad : l'EREA (Établissement Régional d'Enseignement Adapté) de Saintes
  Ce sont 4 à 6 jeunes de l'EREA qui sont accompagnés par le sessad MTC. M. Robert, Educateur principal, faisant fonction de Directeur adjoint, et ayant plus spécialement en charge l'internat et Mme Pédard, responsable du service vie scolaire, plus spécialement chargée du secteur scolaire et du suivi des élèves, ont bien voulu nous faire part de la manière dont ils voient les interventions et l'intérêt du sessad.
E.R.E.A.
Établissement Régional d'Enseignement Adapté
32 rue de Chermiognac
17100 SAINTES
05 46 93 43 22

Directeur : Bernard TERZY
http://hebergement.ac-poitiers.fr/erea17/
  Les débuts
D'abord il a fallu de part et d'autre un temps d'adaptation et de clarification. Au départ les enseignants ont eu le sentiment que le sessad cherchait à s'immiscer dans le scolaire, d'où une réaction du genre : pourquoi feraient-ils mieux que nous ? En fait, le sessad cherchait à se positionner... Quant aux familles, certaines le percevaient comme une alternative au signalement social, et donc comme très proche de la justice et des services sociaux, d'où une grande méfiance.
Aujourd'hui le sessad sait mieux où il va et les enseignants ont mieux compris son intérêt. La clé de ce bon partenariat, ce sont les réunions trimestrielles au cours desquelles on se fixe des objectifs pour chacun des jeunes. Il s'agit de mettre en place une réflexion sessad/famille/erea, pour des jeunes qui ont reçu une affectation sessad antérieure à leur orientation en EREA.
  Confiance et partenariat
Un EREA (Établissement Régional d’Enseignement Adapté) est un établissement public d’enseignement du second degré, destiné à assurer un enseignement général, technologique et professionnel adapté à l'intention de jeunes en grande difficulté et à les mettre sur la voie de l’insertion sociale et professionnelle. .
Les élèves y sont orientés par la CDO (Commission Départementale d'Orientation vers les enseignements adaptés du second degré).
La particularité de la prise en charge des élèves d'EREA est liée notamment à la présence d'un internat éducatif.
L'EREA de Saintes accueille 170 jeunes, garçons et filles, à partir de 12 ans et leur propose 4 formations de niveau 5 (C.A.P.) : menuiserie, maçonnerie, horticulture/ travaux paysagers  et ATMFC (Assistant Technique en Milieu Familial et Collectif). Ce dernier CAP remplace la formation ETC et permet d'occuper des emplois de type" aide à la personne" aussi bien en milieu collectif que chez le particulier.
L'intérêt premier, pour les enseignants et pour les enseignants-éducateurs de l'EREA, c'est qu'ils savent qu'ils ne sont pas seuls. Il y a des aides apportées au jeune, par exemple une psychothérapie, dont les effets se feront sentir sur le long terme, mais il y a d'abord quelqu'un avec qui échanger, quelqu'un qui ne portera pas de jugement, ni sur l'école ni sur la famille. C'est dans ce cadre aussi que les familles prennent conscience de l'utilité du sessad. Tout le monde a bien compris qu'il faut faire avec les parents. Ainsi les parents adhèrent au projet, ou tout au moins ils entendent...
D'autres partenaires peuvent intervenir. Vers le CAPADO (Centre d'Aide psychologique pour Adolescents) ou le CMPP (Centre Médico-Psycho-Pédagogique) l'EREA et le sessad sont plutôt fournisseurs d'informations. La collaboration est plus étroite avec les services sociaux, car le sessad est parfois sur des situations qui relèvent aussi des services sociaux ou de la justice, par exemple quand il y a signalement pour un mineur en danger.
  Une cohérence
On échange donc avant de décider, avec toujours le souci de prendre en compte le contexte de la vie du jeune et de se tenir informé de ce qui bouge autour de lui. Il y a des jeunes qu'on redécouvre, qu'on voit autrement. Et dans le cadre des réunions trimestrielles, on travaille aussi avec les parents. Ils comprennent bien qu'on travaille ensemble, qu'on ne cherche pas à utiliser les uns contre les autres.
Le jeune sent ainsi qu'on travaille aux côtés de la famille, sans porter de jugement. Il y a une cohérence; et cette cohérence est fondamentale si l'on veut poser un cadre éducatif qui aide le jeune.
Ce qui aide aussi à l'EREA, bien entendu, c'est le cadre éducatif de l'internat. Notre action est plus facile quand les jeunes sont internes, parce qu'il y a une prise en charge dans la continuité. Notons aussi qu'elle est plus facile quand les jeunes arrivent jeunes et qu'elle accroche plus difficilement avec les élèves issus de SEGPA qui entrent en 3ème.
Mais dans tous les cas, il faut bien savoir qu'on travaille dans le long terme et dans la continuité. Les enseignants aimeraient certes percevoir des évolutions rapides, dans les deux ans, mais on n'est pas dans le temps scolaire...
  Les jeunes
Côté jeunes, il y a souvent un épisode de crise, qu'il faut prendre en compte et qu'on peut percevoir comme un appel et comme un point de départ. Le sessad aide alors à comprendre l'explication qui est derrière.
La double prise en charge école/sessad peut aider le jeune à s'y retrouver. L'école dit : c'est l'école, c'est le travail ; mais le sessad ajoute : on prend en compte tes soucis. L'intervention du sessad peut être différée, le rendez-vous reporté à la semaine suivante, mais la perspective du rendez-vous libère le jeune pour le scolaire.
On peut travailler sur la frustration : je dois attendre, je peux faire un travail sur moi, l'attente devient supportable car je sais qu'on s'occupe de moi. On aide le jeune à gérer son attente au lieu que les troubles rejaillissent sur tout le temps scolaire. Le sessad aide le jeune à conceptualiser ses conflits avec les autres et à avoir une meilleure compréhension de ces conflits, à mettre des mots qui donnent un sens. Les jeunes doivent prendre conscience qu'on peut être responsable sans être coupable, alors qu'on les désigne souvent comme coupables.
Parfois, ils commencent aussi à se rendre compte des difficultés et des limites des parents. Alors le jeune commence à faire avec, il acquiert un peu de recul, il devient plus acteur, plus mature.
  Le sessad : la structure qui manquait
Les jeunes qui sont suivis par le sessad ont de bonnes raisons de l'être ! Pour eux, le sessad apparaît comme l'intermédiaire nécessaire et qui n'est pas trop marqué justice ou médical..
Le sessad est le dispositif qui manquait au carrefour des services. Les enseignants n'ont pas la formation pour, et de toutes façons, ils n'ont pas le même rôle. Les discours restent distincts. Les jeunes d'ailleurs ne s'y trompent pas et identifient très vite les rôles.
Propos recueillis auprès de Patrice Robert, Educateur principal, et de Laurence Pédard, responsable du service vie scolaire,
Mai 2008

Mise à jour : 29/04/08


PAGE
PRÉCÉDENTE