TROUBLES DU COMPORTEMENT
ET SCOLARISATION |
réalisations |
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La
CLIS médico-psychologique de l'école Lavoisier, à La
Rochelle Le
point de vue des acteurs
année 2000
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L'�DUCATEUR
SP�CIALIS� |
Imaginons
une histoire qui commencerait comme toutes les histoires : "Il
�tait une fois Pierre, Paul et les autres qui pour la premi�re fois faisaient
leur rentr�e scolaire |
Au
fil des jours na�t une "histoire groupale"... |
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Regardez-les
: ils ont un sourire en coin, Paul se rappelle ce que papa et maman lui ont dit,
Pierre sourit mais ses poings sont serr�s, le cartable qui'il porte sur son dos
est lourd de souvenirs, violence, placement, d�c�s, abus sexuel, pauvret� et puis
aussi un compartiment tendresse (attention !) et un compartiment rupture.
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Il
tient une ficelle, est-ce la ficelle qu'on appelle lien qui tient si difficilement
et que tout le monde essaie d'expliquer ? Regardez-les tous, ils sont l�
cherchant et d�couvrant cette �cole un peu comme l'explorateur dans la jungle,
face aux dangers et "chacun pour sa peau" comme ils disent. Mais quelle
peau ? La peau protectrice ? |
C'est
s�r, ils sont � vif ! Vite, nous proposons aux enfants d'ouvrir leur "cartable
de souvenirs"... |
Nous
sommes dans une �cole, et c'est la question du savoir et de son utilisation qui
se pose. Comment allons-nous mettre en commun toutes ces histoires pour r�aliser
"l'histoire scolaire" ? |
Nous
imaginons donc d'embarquer dans l'"AVION CLASSE", une m�taphore choisie
par l'�quipe en d�but d'ann�e pour signifier et rappeler sans cesse que l'�quipe
repr�sente un cadre spatio-temporel pr�cis avec des objectifs d'acc�s aux apprentissages. |
Les
RITUELS (1) confortent le sentiment d'appartenance au groupe et permettent d'entrer
doucement � l'�cole. Au fil du temps l'enfant parviendra � g�rer les donn�es �motionnelles,
individuelles et collectives. |
L'int�gration
de la loi se construit progressivement et la TABLE DE L'ORATEUR (1), o� la parole
et l'�coute sont la r�gle, permet la prise de conscoence des responsabilit�s d'acteur
ou de spectateur. |
Au fil des
jours na�t une histoire commune ("groupale") qui constitue une large
partie du CONTENANT. Les nuages et les avions en sont les d�cors et les enfants
y deviennent les h�ros. Ils vont voler de mois en mois pour trouver le contenu
p�dagogique qui devient un tr�sor. |
Chacun
peut donc se rep�rer dans ces trois espaces bien rep�r�s : l'espace familial,
l'espace de soins, l'espace scolaire. |
Mieux
d�fini, le contenant se solidifie, il est pr�t � recevoir et donner et le GROUPE
en devient le garant. |
Ainsi
constitu�, le groupe �tablit les r�gles de vie et le CONTENU devient alors possible
: - r�animation cognitive individuelle et acquisition d'outils, - acc�s
� l'empreinte �criture et � l'empreinte lecture. |
L'utilisation
des pictogrammes facilite dans un premier temps toute �criture. La m�thode Borel-Maisonny,
m�thode gestuelle et ludique, est aussi une aide pr�cieuse. L'enfant ose admettre
quelques sons � partir des lettres, petit � petit il acquiert des mots et finit
par accepter des phrases o� l'imaginaire prend sa place. |
L'�criture
signifiante � partir de mots et non plus d'images autorise enfin la vie intellectuelle. |
Les
deux adultes, associ�s dans ce travail,
cr�ent, le climat de confiance qui permet � l'enfant d'exprimer du plaisir
� communiquer. Une relation empathique avec chacun est essentielle pour mener
� bien ce travail. |
Christian
Triconal, �ducateur sp�cialis� Extrait du livret d'accompagnement du film
de la classe - avril 2000 |
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L'ENSEIGNANTE |
La classe compte 10
enfants de 6 � 11 ans pr�sentant des troubles du caract�re et du comportement,
et poss�dant tous despossibilit�s d'apprentissages
scolaires. Ils ne peuvent �tre accueillis que si leurs troubles sont jug�s compatibles
avec le principe de scolarisation de la CLIS. Une v�ritable scolarisation mais
accompagn�e tous les matins par la pr�sence d'un �ducateur sp�cialis�. |
Un
cadre s�curisant install� gr�ce � la pr�sence de l'�ducateur sp�cialis�... |
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Les
10 �l�ves s'engagent donc � une pr�sence permanente dans la classe tous les matins
et les soins, pratiqu�s par l'�quipe qui travaille en partenariat �troit avec
l'�cole, sont obligatoires (UPEA, CAMPEA, CATTP). (1) |
Chaque
enfant pr�sente des capacit�s et des difficult�s sp�cifiques mais on peut noter
quelques points communs qui permettent de construire une v�ritable projet de CLASSE:
- Ce sont des enfants non d�ficitaires sur le plan intellectuel. - La
peur de l'�chec, la peur d'apprendre et la peur de tout changement sont au d�part
omnipr�sents et se traduisent par une tr�s faible capacit� d'�coute et d'attention.
La fiert� de venir � "l'�cole" est cependant r�elle. - Le moyen "privil�gi�"
de communication est le passage � l'acte avec des violences verbales et physiques.
- Les enfants sont non lecteurs et l'exp�rience d'int�gration tr�s partielle
de deux d'entre eux qui vont au CP permet de revaloriser le statut de lecteur
aux yeux du groupe. |
Les
apprentissages scolaires ne peuvent donc se faire que si la classe appara�t comme
un lieu fiable, d'�coute et de respect de l'autre, un authentique lieu d'expression
et de communication. |
Le
cadre s�curisant qui permet aux enfant d'y d�poser leur pens�s �tant install�
gr�ce � la pr�sence de l'�ducateur sp�cialis�, mon r�le est alors de cr�er des
situations vari�es de DIRE -LIRE - �CRIRE pour apprendre � communiquer autrement,
pour restaurer chez chacun l'image d'�l�ve ordinaire qui comprend et accepte les
r�alit�s scolaires. |
Nul
enseignement ne pourrait exister sans la collaboration de l'�ducateur sp�cialis�.
Le choix de cette strat�gie n�cessite une adaptation et des ajustements permanents,
mais la r�ussite est � ce prix. |
Soizic
GIRARD, Professeur des �coles sp�cialis�e Extrait
du livret d'accompagnement du film de la classe - avril 2000 |
| (1)
UPEA, CAMPEA, CATTP sont des structures de soins de l'Intersecteur nord de Psychiatrie
infanto-juvénile de La Rochelle : UPEA : Unités psychothérapiques
pour enfants et adolescents CAMPEA : Centre d'Aide Médico-Psychologique
pour Enfants et Adolescents CATTP : Centre d'Aide thérapeutique à
Temps Partiel. |
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LE
DIRECTEUR DE L'ÉCOLE |
Situ�e
dans la ZEP de Villeneuve les Salines, l'�cole Lavoisier compte deux classes sp�cialIs�es
sur un total de neuf classes : une CLIS 1 et la CLIS M�dico-Psychologique. Cette
CLIS m�dico-psychologique est une classe � part enti�re qui suit les r�gles de
vie communes : horaires, plannings et cr�neaux horaires pour les salles sp�cifiques,
sorties, participation � des projets, notamment dans le cadre du contrat de r�ussite
ZEP et des CATE de la ville... |
La
pr�sence de ces �l�ves enrichit la r�flexion de l'�quipe enseignante dans le domaine
de la psychologie de l'enfant en souffrance.. |
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La
diff�rence, outre les difficult�s particuli�res � chaque �l�ve, tient au fait
que l'effectif de la classe n'est pr�sent au complet que le matin, l'apr�s-midi
�tant r�serv� pour certains aux soins dans les diff�rents services de l'intersecteur
de p�do-psychiatrie (CATTP, UPEA, CAMPEA), tandis que les autres sont avec l'institutrice
seule dans la classe, ou en int�gration dans d'autres classes. |
École
élémentaire Lavoisier | L'int�gration
individuelle partielle dans une classe de cycle 2, si elle se r�v�le pertinente,
se construit au sein du conseil de cycle 2. L'int�gration collective se fait a
priori sans exclusive (mais parfois avec des am�nagements) dans les ateliers d�cloisonn�s
du cycle 2 et dans les activit�s et manifestations li�es au quartier, comme pour
les autres classes : No�l, Carnaval, St Jean... |
L'important,
pour des enfants souffrant de troubles psychologiques, est la scolarisation dans
une "vraie" �cole avec ses projets, ses r�gles et ses cadres qu'il convient de
respecter, m�me si cela pr�sente parfois individuellement des difficult�s. |
La
vie de la CLIS m�dico-psychologique, originale du fait de la pr�sence d'un �ducateur
sp�cialis� aux c�t�s de l'enseignante, a pu avoir un effet d'entra�nement pour
les autres classes. Ainsi, l'�lection de d�l�gu�s dans cette CLIS s'est-elle �largie
� toutes les classes avec constitution d'un conseil de d�l�gu�s. Au sein de ce
conseil des rappels au droit � la diff�rence sont exprim�s : diff�rence de culture,
de couleur de peau, mais aussi de com-portement. Cette initiation � la notion
de tol�rance fait que le regard des autres �l�ves se banalise, r�duisant en nombre
l'expression de jugements de valeur p�remptoires. |
La
pr�sence de ces �l�ves dans l'�cole enrichit �galement la r�flexion de l'�quipe
enseignante, dans le domaine de la psychologie de l'enfant en g�n�ral et plus
particuli�rement dans celui de la psychologie de l'enfant en souffrance, pr�sent
� des degr�s moindres dans toutes les classes. Cette r�flexion permanente permet
en concertation la recherche de solutions durant les moments de crises, et contribue
� am�liorer au cours de l'ann�e les comportements des �l�ves de cette classe,
facilitant ainsi l'acc�s aux apprentissages. |
Alain
Montfort, Directeur d'�cole. Extrait du livret d'accompagnement du
film de la classe - avril 2000 |
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| Principes
de fonctionnement de la CLIS médico-psychologique |
| La
m�taphore groupale (le bateau, l'avion) (1) signifie l'appartenance de tous les
acteurs � un cadre spatio-temporel pr�cis, d�fini par la classe,
la durée de la scolarité et ses objerctifs (l'accès aux apprentisssages
élémentaires ou plus simplement l'accès au code). |
Reconna�tre
la priorit� de l'interactivit� groupale. | |
L'�ducateur
sp�cialis� favorise la dynamique et la contenance du groupe, celle-ci s'appuie :
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- sur
les rituels qui confortent le sentiment d'appartenance groupale,
et qui assurent la pr�dictibilit� du cadre. Au fil du temps leur sens s'accro�t
de donn�es �motionnelles, collectives et individuelles.
- sur
l'�laboration d'un maillage souple, mais ferme, qui fixe des limites :
-
� l'expression d�sordonn�e (r�gles, interdits, repr�sentation concr�te des limites
telle la bo�te � col�re) qui peut conduire � l'explosion destructrice (pi�ce d'isolement
ou de r�flexion). - � la possessivit� qui exclut l'autre, par le partage
et l'introduction des r�gles collectives. - au groupal qui laminerait l'individu,
au travers de modes �ducatifs restituant la place de chacun, par l'usage de la
table de l'orateur.
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La
fonction contenante est telle une port�e musicale, ce qui permet la cr�ativit�
des enfants et de l'enseignant, chacun cherchant � composer la partition qui le
m�nera � destination. |
L'enseignant
sp�cialis� en CLIS s'appuie sur les principes : |
- d'accepter
le fait que les connaissances qui influencent le plus le d�veloppement d'un individu
sont celles qu'il d�couvre de lui-m�me et qu'il s'approprie apr�s avoir solutionn�
le probl�me qui lui est pos� ;
- de reconna�tre la
priorit� de l'interactivit� groupale, pour conf�rer aux acquis valeur de communication
et de socialisation ;
- d'aider les enfants � conna�tre
leur environnement, en �tablissant des liens entre leur perception et/ou leurs
analyses, pour mieux diff�rencier les objets par un travail de cat�gorisation,
pr�alable indispensable � l'�laboration de r�f�rents stables, d�finis comme des
invariants par Piaget ;
- de respecter les comp�tences
de chaque enfant, dans l'�laboration du projet groupal : celui-ci doit se nourrir
des apports de chacun, mais �tablir un �quilibre pr�cis entre stabilit� et changement,
unit� du groupe et diff�renciation progressive des individus ;
- sur
l'acceptation bienveillante de l'�cole et des autres ma�tres, pour accueillir
ces enfants dans leur classe, et les int�grer r�ellement � leurs cours ;
- sur
l'�tayage de l'�quipe de soins qui tente de restaurer les blessures individuelles
et familiales hors de l'enceinte scolaire, l'�ducateur sp�cialis� assurant l'interface
entre la socialisation et la p�dagogie.
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Docteur
Lambert, M�decin psychiatre Extrait
du livret d'accompagnement du film de la classe - avril 2000
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mise
à jour : 10/10/02
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